De Claude à Constance

Chère Constance,

Une nouvelle fois, je dois me confesser : à l’instant où je me mets à vous écrire ma main manque d’assurance et mes doigts se crispent (d’ailleurs cela se voit, veuillez m’en excuser)… pourtant il me fut si facile de répondre à votre annonce…

J’ai l’impression de vivre un rendez-vous galant (pour preuve, j’ai attendu chaque jour avec impatience votre réponse, espérant qu’il y en ait une), alors qu’il n’en est rien.

Il y a certainement mieux comme entrée en matière, mais je ne l’ai pas encore trouvée.

Étrange ou cocasse situation, je suis si fébrile à l’idée de vous décevoir que j’hésite quelque peu à me dévoiler davantage. Qui plus est, j’ai lâchement abandonné le dernier thriller emprunté, ce qui fait que je ne peux rien vous en apprendre.

Par déduction, il me semble que c’est aujourd’hui que vous vous rendez à la médiathèque et puisque j’en suis aux confessions, sachez d’ailleurs qu’aller vous y surprendre m’est aussi passé par la tête. J’ai heureusement réfréné cette coupable curiosité, sinon à quoi bon commencer une correspondance ?!

Comme vous pouvez le constater à l’évolution favorable de ma calligraphie, ma main semble peu à peu se dégourdir, tout comme ma pensée… enfin libérée de la pression des débuts.

Figurez-vous ma chère Constance, qu’en vous lisant, je nous ai découvert un autre point commun : la nature.

Comble du hasard, en tant qu’attaché territorial à l’urbanisme d’une grande agglomération, j’ai travaillé toute ma vie professionnelle sur de nombreux projets de paysages et d’aménagements urbains, avant de revenir couler des jours heureux (de retraité) à Palinier, ma ville de naissance.

J’aime, il va de soi, l’architecture en général, durable en particulier. Mon côté bobo écolo, d’où le papier à lettres recyclé et l’encre végétale (ce message s’auto-détruira dans quelques semaines).

Citadin, par désir de me noyer dans la foule, j’ai passé la majeure partie de ma vie en appartement. Mais campagnard dans l’âme, j’ai habité à proximité d’un grand parc et j’ai consacré mes vacances aux randonnées en montagne : Alpes, Auvergne et Pyrénées étant mes terrains de jeux favoris.

J’ai depuis limité mes sorties, pas seulement à cause de l’âge. La pandémie a aussi modifié mes comportements. Et vous, aimez-vous la marche ?

Désormais à court d’idées, il est temps pour moi de vous abandonner, d’aller glisser cette lettre dans la boîte postale face au « Rougaillou », le manège enchanté de la bistroterie palinièroise, dans lequel je me rends chaque mercredi pour le déjeuner de la semaine avec de fidèles amis.

J’attends évidemment avec empressement de vos nouvelles dans ma boîte aux lettres la semaine prochaine et vous souhaite de belles lectures dans votre jardin. Et surtout, portez-vous bien comme dit la miss météo.

Bien à vous,

Claude

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