Valérie Dumange rédaction web - plume

Épisode 20 : Maison de campagne

par | 30-08-22 | Roman en cours | 0 commentaires

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Fin de journée à la campagne

À peine avait-elle raccroché son téléphone depuis la cuisine que Constance eut comme un étourdissement. Rien de bien grave. Une légère perte d’équilibre. Agrippée au plan de travail comme à une bouée, elle refaisait doucement surface.

Abasourdie par la nouvelle, elle imaginait son amie Odette et cette tempête qui s’abattait de nouveau sur elle.

Ne pas dramatiser. Odette en avait vu d’autres dans sa vie. D’ailleurs la vie, elle coulait toujours dans ses veines, angoissante sûrement, mais saine, sans métastases.

Après tout, le malheur des autres n’était pas le sien. Compatir ne voulait pas dire s’approprier. D’ailleurs, son amie ne l’avait pas encore avertie. Donc pas de quoi s’alerter, se retourner le cerveau. Il fallait juste qu’elle se ressaisisse, qu’elle reprenne le cours de sa conversation avec son autre amie, qui l’attendait à l’autre bout de la maison. La terre n’allait pas encore s’écrouler sous ses pieds.

Constance se dirigea vers le miroir du couloir d’entrée, passa une main légère dans ses cheveux souples et se mit à scruter son visage… las, marqué par la douleur de l’absence. Derrière elle, c’est Paul qui l’observait. Il le faisait si souvent avant…

Constance ferma les yeux. Elle le sentit se glisser derrière elle pour l’enlacer et poser ses lèvres fines et délicates sur son cou, comme lorsqu’elle réajustait son chignon avant de partir pour la ville.

Elle aimait cette sensation fugitive. Le réconfort, même minime, qu’elle lui apportait. Dans un effort épouvantable, mais nécessaire, ses paupières se soulevèrent, une larme s’échappa…

Il lui fallait maintenant retirer le masque, qui, quelques minutes plus tôt, s’était mis à lui coller à la peau, celui du désarroi, qui l’avait envahi à chaque verdict médical. Depuis, elle prenait tout à cœur. Elle se sentait soudainement ridicule.

Elle se força alors à sourire en douceur. « Allez, encore un petit essai, tu y es presque » se dit-elle pour accompagner la légère métamorphose. Voilà, elle y était parvenue, elle avait retrouvé la Constance détendue à l’arrivée de Karine. Alors elle quitta le couloir pour la salle à manger.

En découvrant Karine debout près de la porte-fenêtre, le regard perdu face à l’étendue de verdure quelque peu épargnée par la sécheresse, elle fit une entrée discrète. Elle ne voulait surtout pas interrompre ce qu’elle pensait être un moment suspendu de contemplation.

—  Oh, tu es là, je ne t’avais pas entendu revenir. J’admirais ton magnifique jardin.

—  Je n’y suis pour rien. Paul en est l’unique créateur. Certes, je lui ai soufflé mes préférences de fleurs, de plantes et de couleurs, mais il a tout réalisé tout seul, patiemment. Je tente de poursuivre, mais je ne suis pas aussi assidue que lui. Heureusement, je peux compter sur Titouan. Il m’a beaucoup aidé ces dernières années.

—  Titouan, le fils d’Odette ?

—  Oui, d’ailleurs, c’est avec lui que j’étais au téléphone. Sa mère m’avait dit qu’il cherchait un petit boulot pour la saison estivale. Alors en parlant de Becky, puis de Marie-Jeanne, j’ai pensé à lui pour l’offre d’emploi. Jusqu’à présent, il travaillait pendant les vacances pour la supérette de la rue Parmentier, à deux pas de chez sa mère. Mais elle a fermé, il y a quatre mois après l’ouverture d’un concurrent à proximité.

—  Ah, oui, j’avais lu cela dans le journal. Ça tombe bien pour lui alors. J’espère qu’il sera retenu.

—  Je suis confiante. C’est un bon garçon travailleur, serviable et vif d’esprit.

Puis silence. Une sensation étrange, presque de gêne réciproque s’était installée entre les deux femmes, traversées de pensées confuses et inavouables.

Malgré tout, elles tentèrent de poursuivre la discussion d’un ton léger. Elles parlèrent d’un peu de tout, de romans surtout, des sorties littéraires prévues pour la rentrée, du Salon du livre organisé par la ville pour les fêtes de Noël, mais surtout pas de ce qui les contrariait l’une et l’autre.

Pour la première fois, Constance s’enhardit même à proposer la visite complète de sa maison. Karine hésita un instant, puis accepta pour ne pas froisser la propriétaire, mais presque à contrecœur. Il y avait ici quelque chose qui la rendait morose et mal à l’aise malgré la beauté incontestable des lieux.

Pendant une heure, elles parcoururent l’ensemble de l’habitation, de la cave aux combles pour finir par les dépendances et le jardin.

—  Comme c’est grand et beau chez toi. Comment fais-tu pour vivre seule ici ? Tu ne voudrais pas un animal de compagnie ?

—  Non, trop de contraintes. Même si j’ai parfois un peu peur. D’ailleurs, j’ai prévu de faire installer une alarme. À force de voir défiler les publicités à la télé, j’ai contacté quelques entreprises pour des devis.

—  Comme je te comprends. Moi-même, pourtant en appartement, je suis morte de trouille !

Mince, le mot était sorti trop vite. Celui qu’elle tentait d’éviter avec soin, lui avait échappé, sorti de son contexte. Constance n’avait pas relevé et avait poursuivi la discussion.

— Le dernier est venu vendredi. Il m’a fait bon effet, sérieux et aimable juste ce qu’il faut, pas un marchand de tapis comme les autres !

—  Tu te sentiras plus rassurée. Et une maison d’hôtes, tu y as déjà pensé ? Avec tout cet espace, tu as de quoi faire.

—  Oh ! non, pas une seconde. Jamais Paul n’aurait accepté des inconnus chez nous ! J’envisageais de la revendre ou de la louer tout au plus, mais finalement je ne m’imagine pas vivre ailleurs. J’ai quelques habitudes. Et malgré tout, je me sens protégée ici.

—  Qu’est-ce que tu veux dire ?

—  Je soupçonne les fantômes de veiller sur moi… dit-elle à voix douce, confuse de l’aveu.

—  Oooh, tu me fais peur ! Je ne crois pas trop au paranormal, lui asséna Karine comme pour se défendre d’avoir été prise en flagrant délit. Constance savait-elle lire dans ses pensées ? Eh bien, il est temps que je parte. Je dois encore préparer mes valises, je décolle jeudi soir pour le sud ! Encore merci infiniment Constance pour ton invitation et cette très agréable journée en ta compagnie. La prochaine fois, c’est chez moi, d’accord ?

—  Oui, quand je rentrerai à mon tour de vacances. Alors euh…, profite bien de ta famille et de ce temps loin de la médiathèque pour recharger tes batteries. Allez, je te raccompagne à ta voiture avant que la pluie ne nous tombe dessus.

Elles se quittèrent près du cabriolet. Karine s’y engouffra sans plus attendre. Un dernier regard vers Constance, repartie aussi vite vers la porte d’entrée, un vif signe de la main… et chacune retourna à sa solitude.

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